Où était-elle ? Il lui semblait être au troisième étage, étage où se trouvait les cours de sortilèges qu'elle devait rejoindre d'ici cinq minutes et des poussières, mais la jeune fille ne voyait pas la statue que lui avait désignée la préfète pour l'aider à s'y retrouver. Une femme avec une épée à la main, un chapeau haut-de-forme et un caméléon sur l'épaule. Au lieu de cela, Sasha se retrouvait face à un homme taciturne, vêtu d'une robe de sorcier, un grand chapeau cachant ses yeux, les mains dans les poches de sa robe. Comme si en l'observant attentivement, il y avait une possibilité qu'elle se transforme pour être celle qu'elle cherchait. Comme si regarder frénétiquement autour d'elle allait la faire poper là, comme par magie.

Par magie.

Et si c'était cela ? C'était peut-être si naturel pour la préfète qu'elle n'avait pas jugé utile de lui dire que la statue était là par magie, qu'elle apparaîtrait par magie. Fallait-il lancer un sort ? Était-ce une simple question de volonté ? De placement ? Devait-elle être plus loin, plus à droite, plus à gauche...

Sasha expira. Elle était perdue. Elle ignorait si elle était encore au deuxième étage, si elle était au troisième, ou trop haut. Il y avait tant d'escaliers, longs comme le bras ou constitués de deux-trois marches. Comment pouvait-on savoir qu'on était à tel ou tel étage ? N'aurait-il pas été pertinent de mettre un petit panneau indicatif à chaque étage disant où l'on se trouvait et dans quelle direction pour aller en cours ? Les sorciers avaient-ils naturellement le sens de l'orientation ?

Sasha s'écarta, sa natte blonde battant sur son épaule, évitant de peu un groupe d'élèves qui s'enfonçaient dans le couloir, la regardant avec un air curieux, lui donnant l'impression nette qu'elle n'avait rien à faire là, elle avec sa robe de sorcière qui lui paraissait toujours bizarre et son chapeau sur sa tête qui lui semblait ridicule. Si sa présence était incongrue, elle ne devait pas être au bon endroit. L'envie lui prit, brutale et impérieuse, de faire demi-tour, de retourner dans sa salle commune, dans son dortoir. Tant pis pour le cours de sortilèges, elle irait une autre fois, une fois où elle prendrait soin d'être accompagné par des camarades. Quelle idée de vouloir la jouer solitaire aussi...

Le soulagement d'avoir prit une décision fit s'envoler le poids de l'angoisse qui n'avaient pas cessé de monter à mesure qu'elle se rendait compte qu'elle était perdue. La fuite soulage. Elle reviendrait sans aucun doute quand elle devrait expliquer son absence au prochain cours de S&E cependant, il lui faudrait trouver une bonne justification. Elle tenta d'imaginer plusieurs raisons. Infirmerie : impossible, c'était vérifiable. Pas réveillée ? Ses camarades pourraient témoigner du contraire. Lui dire qu'elle s'était perdue ? Impossible, elle aurait l'air d'une idiote.

Ses pas ralentirent. La perspective de devoir se justifier l'angoissait de nouveau. Fuir reportait le problème et l'aggravait même car elle ne trouvait nul mensonge pour cacher sa fuite. Il lui restait encore un peu de temps avant le début du cours, elle devait essayer de trouver la salle. Au pire, elle arriverait en retard, mais elle n'aurait aucun mensonge à inventer pour se justifier. Hésitante, Sasha s'arrêta au milieu des marches, la perspective de revenir sur ses pas ne lui plaisait pas. Elle n'avait pas envie là, maintenant, d'y retourner alors même qu'elle avait envie de se cacher au fond de son lit, mais sa raison avait raison. Il valait mieux maintenant que plus tard. Ca lui éviterait de stresser en attendant le prochain cours.

Alors Sasha fit demi-tour.

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Il était une fois… On aurait pu écrire un conte des milles et une nuit grâce à cette fabuleuse phrase, mais non. C’était une grande histoire comme on en faisait si peu à Poudlard ! Une histoire à faire trembler de honte Godric Gryffondor ! Une histoire de dingue à la hauteur de Mimi Geignarde ! Une histoire dingo ! J’ai ainsi  nommé : la première semaine de Zane à l’école de magie. Il ne se passait pas un jour sans que Oliver et Emily n’aient à me chercher. Pas un jour sans que je finisse par m’égarer dans les couloirs et les escaliers du château. Pire encore, j’avais eu la faible chance de me rendre en cours, en retard bien sur. Bref, Poudlard allait bientôt avoir ma peau, et ce n’était pas le seul.

J’étais parti au deuxième, troisième, je ne savais plus tellement en fait. Et mieux encore, à force de me raconter des histoires dans la tête, au sujet du précédent cours d’histoire de la magie, j’avais totalement oublié ce que je faisais là ! Etait-ce un cours ? Une promenade ? Une course ? Je ne savais plus ! Etait-ce utile ? Stupide ? Je ne saurai le dire…  J’avais l’air tellement idiot dans ce couloir, mains dans les poches, à marcher l’air heureux. Je les voyais bien du coin de l’œil me regarder comme une chose curieuse, un truc paranormal, une bête hors de sa cage… Les grands je veux dire, ceux et celles qui étaient élèves à Poudlard. Les gens s’affolaient à joindre leur classe dans toute cette masse humaine, alors que moi, je marchais à contre-courant sans un seul souci en tête. Puis, dans une confiance inégalable, je me suis mis à siffler du Mozzart le plus décontracté du monde.

Alors que j’en arrivais à la meilleure partie, celle qui fait bondir les cœurs hors de la poitrine de ceux qui écoutent le morceau, BAM ! Un gros mur, une planche, une collision ! Ma tête ? En arrière, comme dans les dessins animés où l’on voit les personnages raides comme des piquets et basculer en arrière ! La même ! Aller, les fesses, le dos, la tête, tout plaqué contre le marbre froid du château ! Enfin marbre, pierre ? Je n’ai pas le souvenir de ce sur quoi je me suis allongé… Mais dans quoi j’ai percuté ?! Qu’est-ce que.. Ohhh une fille !! Bon, aujourd’hui, je sais que cette fille s’appelle Sasha, qu’elle est carrément ca-aaa.. Enfin c’est Sasha quoi. A l’époque, j’étais en train de me demander si c’était mon imagination ou si elle était bien réelle. Le choc avait été si violent ! Pourtant, et malgré les rires éclatax de toute la masse humaine présente dans le couloir, je me suis immédiatement relever comme si de rien était et ça, malgré que ma tête tournait et tournait, tournait…

Je tend une main à ma collision humaine en replongeant mon autre main dans mon jean. Bah quoi, j’allais pas la laisser étendue au sol comme ça, il fallait bien que je l’aide. Mais le pire, c’est que j’avais encore rien dis ! Quel idiot ! Avec le recul, je me suis senti si bête de ce souvenir… A croire que j’étais dans un monde à la Charlie Chaplin, en noir et blanc, sans son ni parole.

« Besoin d’aide ? »

Et en plus je disais du caca. Magnifique ! Aujourd’hui, si Sasha tombe, je vous le promet, je la ramasse direct et je tue des veracrasses !! Pas question qu’elle se blesse c’est une très, très bonne amie à moi !

« Hey, t’es pas en première année toi ? »

Quand je vous disais que j’étais une tête de con, je vous ai pas menti. Une vraie tête de con, rien dans le crâne.

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L'impact fut violent. Immensément violent. Sasha ne se rappelait pas s'être cogné à quelqu'un de manière aussi douloureuse auparavant. Cela avait cogné sur son nez, sur sa poitrine, dans sa hanche et surtout sur ses fesses et ses coudes à l’atterrissage lorsqu'elle avait été projeté vers l'arrière. Pendant une seconde, elle avait cru pouvoir rester debout, mais, comme au ralenti, s'était sentie chuté sans pouvoir rien faire. Par terre, évitée par des élèves qui courraient, elle se sentait gênante et gênée d'être gênante, sans parler de la gêne d'une chute aussi bête. La fillette resta quelques instants au sol, sonnée, avant qu'une main ne fasse irruption sous ses yeux.

Avec l'impression d'être pathétique, Sasha remonta du regard le bras jusqu'au visage de celui à qui appartenait cette main. Vêtue de sa robe de sorciers, s'exposant comme un gryffondor par quelques couleurs rouges & or, il se tenait presque nonchalamment devant elle, la main dans la poche, l'autre vers elle, comme une offre d'aide qu'il verbalisa. Même sa voix criait sa désinvolture. Sasha hésita une seconde, non par méfiance, mais parce qu'elle doutait qu'il soit capable de la relever d'une seule main malgré toute l'assurance qu'il semblait démontrer, elle allait juste le faire tomber sur elle, rien d'autre. Alors elle la prit mais plia les jambes, s'aidant de sa propre main pour se relever, ne prenant sa main que comme une aide et non comme un appui. Elle la lâcha aussitôt, un peu gênée. Elle avait l'air si perdue que ça ou était-ce qu'il la reconnaissait ? Alors qu'elle ne se souvenait même pas l'avoir croisé, la honte.

« Euh... oui. Je cherche la salle de Sortilèges mais je crois que je me suis perdue, tu sais où c'est ? »

Sasha pariait sur son apparence assurance pour savoir mieux se situer qu'elle. Ramenant sa tresse sur son épaule, elle remit correctement la bandoulière de son sac. Ce n'était pas exactement le moment de faire connaissance, même si ce garçon semblait sympathique. Elle espérait qu'il saurait lui répondre car elle souhaitait éviter au maximum d'être en retard lors de sa première semaine de cours. Il avait l'air d'avoir son âge, mais qui sait s'il n'avait pas un an de plus, ou s'il n'était pas plus douée qu'elle.

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Pauvre Sasha tout de même, pour s’être mangé ma personne de plein fouet ! J’aurai pu la tuer la pauvre… Malgré la gêne présente de la scène, j’essayais d’aider la petite sorcière à se relever en camouflant mes regrets. Pourquoi je suis toujours aussi tête en l’air, hein ? Il ne se passe pas une journée sans que je prenne un coin de meuble, un bout de mur ou de porte, et pire encore : que je me ramasse. C’est assez rare cela dit que j’embarque quelqu’un dans ma chute et malgré toute ma culpabilité, il fallait avouer qu’on était tous les deux responsables de cette rencontre violente. J’aurai aimé la rencontrer en d’autres circonstances mais, vous savez ce qu’on dit : à Poudlard, pas de chici, pas de blabla, le destin choisira pour toi. Enfin c’est moi qui dit ça mais breeeef.
Une fois la jeune Sasha sur pieds je l’observais et souriais comme à mon habitude, le plus chaleureusement possible. Quand elle m’interrogeait sur la salle de classe, mon bras s’est levé vers ma tête, me voilà gêné. Bien sûr, plutôt faire l’imbécile qu’avouer mes pêchés !!! Je souriais de plus belle avant de préparer une nouvelle réplique des plus inattendues.

« A Poudlard j’imagine ? »

Déjà imprévisible à mes onze ans, j’orchestrais magnifiquement bien mes escapades verbales, vous ne trouvez pas ? Quoi qu’il en soi, si j’en avais quelques peu oublier le cours qui devait se tenir, il était certain que trouver la salle de classe était vraisemblablement une excellente idée, non ?

« Si tu veux, on peut chercher ensemble. »

Un pas en arrière, un quart de tour sur moi-même et toujours une main en poche, j’invitais la petite Sasha à se joindre à moi. Il me fallait revenir sur mes pas, trouver cette maudite salle de cours ! Pourquoi Oliver et Emily n’étaient pas là ? C’est vrai, jamais là quand on a besoin d’eux !! Bon, pour tout vous dire, je suis certain que c’est encore ma faute… Je fini toujours par dire « je reviens, je vais visiter Poudlard »… Mais je reviens jamais, j’oublie l’heure et Pouf. Cela dit, j’ai beau être en sixième année, ça n’a rien changé à l’histoire…

« Au fait ! Je m’appelle Zane ! Je suis aussi en première année… »

J’avais retenu son visage comme je retiens chaque paysage et chaque recoin que je « visite ». Ceci étant, nous n’avions encore jamais échangé et j’ignorais tout de sa personne, sauf sa maison. Voyez-vous, malgré mon côté rêveur et paumé, j’ai cette facilité incroyable à mémoriser les choses, en tous cas visuellement… Sauf mon planning scolaire je crois… En même temps, je l’égare tout le temps… Emily hésite encore à me le tatouer sur le bras mais étant donné qu’il change chaque semestre, c’est peine perdue…

Codage par Libella sur Graphiorum